Lac-Saguay
Le déraillement de 1947
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Certains passagers trouvaient que le train filait à une trop grande vitesse. Ils
commencèrent à s’en inquiéter. Un passager se risqua d’en avertir le conducteur : « On passera jamais le fer à cheval à cette vitesse ! Ralentissez ! ».
Un samedi soir de mars 1947, un soir de tempête où la neige soufflait en rafale, le train à destination de Mont-Laurier termina sa course ici même entre Bédard et le lac Saguay. Entre 250 et 300 passagers étaient à bord au moment de l’accident. Parmi eux, des familles, des hommes venus pour travailler dans les chantiers et les carrières, des jeunes filles qui travaillaient à Montréal et qui étaient venues passer quelques jours dans leur famille. Parti de la gare Windsor, le convoi se composait de la locomotive (l’engin), du char à bagages, celui du courrier, un wagon de marchandises et de quatre wagons de passagers. Le coeur était à la fête à bord du train. Les ouvriers des chantiers fêtaient depuis le départ de Montréal. Ingénieur, chauffeur et conducteur ne se faisaient pas prier pour accompagner les fêtards et acceptaient volontiers un petit verre de temps à autre. Le chauffeur et l’ingénieur effectuaient ce parcours pour la première fois.
Certains passagers trouvaient que le train filait à une trop grande vitesse. Ils commencèrent à s’en inquiéter. Un passager se risqua d’en avertir le conducteur : « On passera jamais le fer à cheval à cette vitesse ! Ralentissez ! » demandait-on. Lorsque l’ingénieur décida enfin de ralentir, ses réflexes diminués par l’alcool le firent freiner trop brusquement. La locomotive et les trois wagons qui la suivaient
ont immédiatement déraillé laissant fort heureusement, les quatre wagons de passagers sur les rails. Les fenêtres de la locomotive se fracassèrent et sous l’impact, celle-ci se remplit de neige. Quelques hommes se mirent aussitôt à essayer de dégager la neige le plus rapidement possible. À la pelle, on réussit à sortir l’ingénieur de l’engin. Malheureusement il ne survécut pas à l’accident. Le chauffeur qui aurait subi de sérieuses brûlures décéda également quelques semaines plus tard. Quant aux passagers, ils eurent plus de peur que de mal, s’en tirant avec de légères ecchymoses.
Les voyageurs qui attendaient le train à la station de Guénette furent avertis qu’il y avait eu un déraillement. Le cheminot et quelques volontaires se rendirent sur place en « hand car » (petit véhicule automoteur sur rails). Vers 23 h, les passagers du train retournèrent à la station de Bédard, à pied, dans la neige, leurs bagages à la main.
Le lendemain, les inspecteurs du Canadien Pacifique se rendirent sur place afin d’établir les circonstances du déraillement. Ils sont arrivés à la conclusion que le déraillement était dû à la négligence du conducteur, du chauffeur et de l’ingénieur. Les wagons endommagés par l’accident furent brûlés sur place, les autres furent récupérés.
