Le lac des Écorces, autrefois lac de villégiature, a de plus en plus une vocation résidentielle. Alimenté par la rivière Kiamika, il couvre une superficie d’environ 6,5 km2 (658 hectares). Sa profondeur varie entre 3 et 38 mètres. Outre le doré jaune, le grand brochet, l’achigan à petite bouche, le grand corégone et le maskinongé, la communauté piscicole du lac des Écorces abrite une espèce très particulière, le cisco de printemps.

Phénomène unique au Canada

La particularité du cisco du lac des Écorces vient du fait que contrairement aux autres populations de cisco de lac qui fraient normalement l’automne, le cisco du lac des Écorces fraie le printemps. C’est en 1981, qu’une équipe du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche découvrait ce phénomène presque unique en Amérique du Nord, quelques rares spécimens ayant été trouvés aux États-Unis, dans le Grand Lac Supérieur. De nombreuses études ont été menées et ont permis de mieux connaître les caractéristiques propres à cette espèce. Le cisco de printemps fraie en profondeur, alors que le cisco de lac frayant l’automne dépose généralement ses oeufs aux abords des rives. En plus du décalage de la période de fraie, le cisco de printemps possède quelques différences morphologiques qui se situent au niveau de la grosseur de la tête, plus petite que le cisco de lac frayant l’automne. D’autres caractéristiques physiques moins visibles lui confèrent un statut particulier. La fraie de printemps du cisco du lac des Écorces serait due, en partie, aux conditions thermiques du lac. La température estivale en profondeur est élevée (7°C) et le refroidissement automnal est tardif.

Une espèce menacée

Quelques facteurs rendent incertaine la conservation du cisco de printemps du lac des Écorces :
l’introduction récente d’éperlans arc-en-ciel qui a modifié la dynamique des populations de poissons dans le lac des Écorces (cause probable), la dégradation des eaux du lac des Écorces par le rejet des eaux usées venant des fosses septiques non-conformes et de l’activité agricole;
l’érosion causée par le déboisement des rives pour le développement
résidentiel ou pour la villégiature.

La population a été stable de 1981 jusqu’au début des années 1990 et on constate une forte réduction de la population depuis. Le cisco de printemps est une espèce considérée en danger. Le Comité sur le statut des espèces fauniques menacées d’extinction au Canada a établi le statut de « vulnérable » au cisco de lac frayant le printemps au lac des Écorces mais la population pourrait être considérée comme étant menacée de disparition suite au déclin des dernières années. Plusieurs actions freinant cette tendance pourraient être mises en oeuvre pour éviter cette perte de biodiversité tant régionale, québécoise que canadienne, cette population étant unique au Canada.