Rivière-Rouge
Villaniville
46.364846, -74.817374
Malgré ces difficultés, Villani voyait grand ! Il rêvait de créer des filatures comme en France et en Italie. Et pourquoi pas ?
Entre 1896 et 1900, quelques familles italiennes s’installent sur les terres le long des Rapides de la rivière Rouge. En 1901, le groupe d’italiens connaît une ascension marquée. La nouvelle colonie compte 74 personnes, soit 5,5 % de la population de Canton Marchand, ce qui en fait le groupe d’immigrants le plus important. L’agglomération prend le nom de « Villaniville », nom d’un industriel italien, Andréa Villani, venu s’établir un peu avant 1900, sur les rives de la rivière. La petite bourgade possède son bureau de poste du nom de « Bayard » et un arrêt de train « stopover » pour prendre les passagers et les sacs de courrier.
Andrea Villani
Villani possédait un moulin à scie et une chaufferie qui servait à faire sécher le bois. Son entreprise employait une vingtaine d’hommes, qu’il recrutait au sein de la communauté italienne. Le moulin à scie fonctionnait jour et nuit. Pour fournir son moulin, Villani coupe d’énormes quantités de bois. Il profite de la venue de quelques italiens en faveur desquels des concessions de terres sont demandées, pour agrandir son domaine. Mais l’agent des terres de la Couronne n’est pas dupe et il refuse. Un article paru dans le journal La Presse le 21 septembre 1901, indique que l’on s’inquiète du déboisement démesuré des forêts de Canton Marchand. On préconise alors la classification des terres en deux catégories : cultivables et non-cultivables. Celles qui sont cultivables seraient vendues aux colons, les autres seraient considérées comme terre à bois et vendues en conséquence.
Un rêve envolé en fumée
Dès son arrivée, Villani entretient le rêve de construire une magnanerie pour faire l’élevage des vers à soie. Il croyait pouvoir adapter les techniques d’élevage du ver à soie en fonction des dures conditions climatiques du Canada. En effet, le mûrier, dont les feuilles servent de nourriture aux vers à soie, risque de ne pas supporter les rigueurs de nos hivers. Malgré ces difficultés, Villani voyait grand ! Il rêvait de créer des filatures comme en France et en Italie. Et pourquoi pas ? Avec l’établissement du chemin de fer, il était possible de créer une industrie originale. Mais en 1908, alors que la construction de la magnanerie est en marche et que des quantités énormes de bois sont entassées tout autour du moulin à scie, un feu de forêt, causé involontairement par les ouvriers du chemin de fer, ravage l’entreprise et entraîne la fermeture de Villaniville. Aujourd’hui, il ne reste que quelques vestiges de cette brève tentative industrielle.
