Saint-Faustin-Lac-Carré
La promesse du Curé Labelle
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Par la suite, la région des Laurentides tout entière se mobilise autour d’un grand projet : transformer l’emprise du chemin de fer en parc récréotouristique.
La promesse du curé Labelle
Ce chemin de fer qui relie les Pays-d’en-Haut à Montréal, les colons l’attendent depuis plus de vingt ans. Conscient que les villages qu’il a fondés au nord de Saint-Agathe n’ont aucun avenir sans cette voie de communication, le curé Antoine Labelle remue ciel et terre pour que se réalise la promesse qu’il réitère sans cesse aux colons. Il remporte une première victoire en 1876, lorsque le chemin de fer atteint Saint-Jérôme. Malgré les démarches incessantes du prêtre auprès de la classe politique, le projet stagnera encore pendant plus d’une décennie : ce n’est qu’en 1887 que les travaux de prolongement vers Sainte-Agathe et Saint-Faustin démarrent enfin, ponctués de temps d’arrêt qui minent le moral des colons et ébranlent leur confiance. Désenchantés, plusieurs d’entre eux abandonneront les terres qu’ils ont si péniblement défrichées, convaincus que le chemin de fer ne verra jamais le jour.
Naissance d’une municipalité
Dès les débuts de la colonie, des défricheurs s’établissent avec leur famille aux abords du lac Carré, dans le Septième Rang du canton de Wolfe, deux kilomètres au nord du « lot de la source », où on construira la première chapelle. L’aménagement de la gare non loin du lac donnera un élan décisif au secteur, qui prendra rapidement le nom de Saint-Faustin Station. Des scieries et de petits commerces ne tardent pas à s’établir à proximité de la gare, puis s’ouvrent les premières maisons de pension, où l’on accueille les visiteurs à la belle saison. L’absence d’école dans le secteur et d’autres sujets de discorde assombrissent cependant les relations entre habitants du village et ceux de la Station. En 1922, ces derniers se détachent de la municipalité du canton de Wolfe pour fonder celle de Saint-Faustin Station, qui prendra en 1947 le nom de Lac-Carré. (Les résidents du nord du canton de Wolfe font de même en 1957 et créent la municipalité de Lac-Supérieur.) Lac-Carré s’oriente vers le commerce et le tourisme.
Des villégiateurs y construisent ou y louent des chalets d’été; à la fin des années trente, on y note ainsi la présence d’une importante communauté juive. En 1943, les autorités religieuses confirment l’autonomie de Lac-Carré en y fondant la paroisse Sainte-Jeanne-d’Arc. Les municipalités de Saint-Faustin et de Lac-Carré, qui ont bâti l’histoire séculaire de la région, ont été fusionnées en 1996. Depuis, elles relèvent ensemble les défis du XXIe siècle.
De chemin de fer au parc linéaire
Pendant cinquante ans, le P’tit train du Nord demeurera le principal moyen de transport des résidents, de travailleurs forestiers et des visiteurs de la région. Le souvenir des légendaires trains de neige, qui sillonnaient les Laurentides dans les années trente, témoigne de cette immense popularité. C’est après la Deuxième guerre mondiale que le transport automobile détrônera peu à peu le chemin de fer. À partir de 1960, le Canadien Pacifique réduit sensiblement la fréquence de son célèbre train de voyageurs. Quelques tentatives de relance voient le jour entre 1978 et 1981. Par la suite, la région des Laurentides tout entière se mobilise autour d’un grand projet : transformer l’emprise du chemin de fer en parc récréotouristique. En 1996, on inaugure le parc linéaire Le P’tit train du Nord, corridor de 230 km qui aujourd’hui relie Bois-des-Fillion à Mont-Laurier. Le rêve du curé Labelle se poursuit.
