Sainte-Agathe-des-Monts
Quand le train entre en gare
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La construction du chemin de fer commence le 12 février 1887 et se termine le 3 juillet 1892 avec l’arrivée du premier train.
Quand le train entre en gare
La construction du chemin de fer commence le 12 février 1887 et se termine le 3 juillet 1892 avec l’arrivée du premier train. Décédé en 1891, Antoine Labelle, l’illustre curé de Saint-Jérôme, est le grand absent des cérémonies d’inauguration. Lui qui avait tellement bataillé pour le « p’tit train du Nord », forçant les impénitents à prolonger la voie ferrée d’un mille de plus en rémission de leurs péchés… « Ce n’est pas à pied que les Américains ont conquis l’Ouest », répétait-il, et c’est précisément grâce au train que Sainte-Agathe-des-Monts conquiert le 20e siècle!
Survient alors une explosion touristique, démographique et urbaine fulgurante, surtout de 1892 à 1921, alors que la population permanente passe de 1700 à 4500 personnes. Car, suivant les propos mêmes du docteur Edmond Grignon, le chemin de fer a relié « notre localité, pauvre et inconnue jusque-là, au monde des affaires, nous apportant la joie, le bien-être et la prospérité ».
À partir de 1893, une riche clientèle de résidents saisonniers, en quête d’un site enchanteur, s’installe à Sainte-Agathe-des-Monts. Parmi eux : le maire de Montréal Raymond Préfontaine, le juge de la Cour supérieure Charles Doherty, le ministre des Travaux publics Alphonse Nantel, le gérant de la banque d’Hochelaga J.A. Prendergast, le président du Canadien Pacifique Sir Thomas Shaughnessey… Comble du luxe, en 1899, une petite gare est érigée sur l’une des propriétés du vicomte Raoul Ogier d’Ivry, dont le domaine Manitou est fréquenté par des millionnaires montréalais.
En 1893, le jour anniversaire de la voie ferrée, arrive en train un groupe de 200 membres de la Société d’histoire naturelle de Montréal, venus faire une excursion dans les montagnes. Ils reçoivent alors un brillant accueil et 40 voitures attelées sont mises à leur disposition.
Bâtie à partir de 1902, la gare de style Queen Anne, caractérisée par sa partie arrondie coiffée d’un toit conique, est unique en son genre dans les Laurentides. Parmi les agrandissements majeurs, on y ajoutera un restaurant, un étage pour loger le chef de gare et des dépôts de bagages et de marchandises. Les mœurs puritaines feront en sorte que les hommes et les femmes disposeront alors de salles d’attente séparées…
Au début, le train est un événement qu’on attend avec impatience derrière les grandes vitres de la rotonde, avec un seul passage par jour à l’heure du midi. Mais en 1947, on compte trois départs quotidiens, plus quantité de trains spéciaux l’hiver, pendant la période de ski. De Montréal à Sainte-Agathe-des-Monts, le trajet dure trois heures. La vocation touristique de la région est alors solidement ancrée. Déjà, pendant la seule saison 1927-2918, on notait un afflux de 11 000 skieurs arrivés par train en quatre mois…
Devenue la destination favorite des Montréalais, accessible toute l’année, Sainte-Agathe-des-Monts développe de nouvelles facilités pour ses voyageurs. Dans les années 1920, Fred Clark offrira un service de taxi entre la gare et le sanatorium disposant d’une flotte de 50 sleighs avec 100 chevaux et 50 « buffalo robes ». Passage individuel : 50¢, transport « en commun » : 25¢. De même, le taxi du vétérinaire Henri Saint-Aubin aidera au déchargement des train de marchandises, spécialement du charbon. Versée dans l’industrie forestière, la municipalité sera aussi un passage obligé dans le prolongement du train vers le Nord pour l’approvisionnement de la métropole en bois de sciage.
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